Des féministes romandes se distancient d’ECOPOP et d’Anne-Marie Rey.

Rina Nissim a décidé de retirer son soutien (promesse de don) au projet de fonds d’aide pour les femmes qui n’arrivent pas à financer une interruption de grossesse, dont Anne-Marie Rey est la secrétaire.

Ce projet est pourtant valable, mais voilà qu’Anne-Marie Rey soutient publiquement l’initiative ECOPOP, ce qui pose un sérieux problème.

On découvre qu’Anne-Marie Rey est une Margareth Sanger des temps modernes. Cette dernière avait lancé la pilule contraceptive avec Gregory Pincus et ce qui allait devenir l’IPPF (Fédération Internationale pour le Planning Familial) en fait pour limiter les naissances dans les pays pauvres afin qu’ils ne viennent pas réclamer leur part du gâteau. Cet aspect a été oublié, car ce sont les femmes des pays riches qui se sont emparées de la pilule et cela a contribué à leur autonomie et leur émancipation. Toutefois, divers programmes de contrôle des populations ont été conduits par des personnes du même courant (IPPF, USAID) dont des stérilisations forcées, entre autres en Amérique du Sud et en Inde. Dans ECOPOP, il y a également un engagement de consacrer 10% de l’aide au développement au planning familial, l’histoire continue ! On sait pourtant que ce dont les femmes ont besoin dans les pays appauvris, c’est l’accès à l’eau, à l’alimentation, à un habitat digne, à l’éducation et à l’indépendance économique. Quand leur situation économique s’améliore un peu, la mortalité infantile baisse, et d’elles-mêmes elles peuvent réduire le nombre d’enfants. C’est cela qui doit guider l’aide au développement et pas les politiques contraignantes de contrôle des populations.

Après Rina Nissim, se sont aussi Doudou Denisart et Elisabeth Jobin de l’ASDAC (Association suisse pour le droit à l’avortement) qui se sont distancées de cette ligne politique (rendre les étrangers responsable des problèmes écologiques et malthusianisme). Elles nous rappellent que l’engagement de Madame Rey dans ECOPOP ne date pas d’aujourd’hui : elle fut déjà, en 1971, la secrétaire de la «Communauté suisse de travail pour les questions de population», qui changera de nom en 1986 pour devenir l’Association pour l’environnement et la population ECOPOP. Cet engagement avait conduit l’ASDAC à devoir clarifier ses positions, en particulier en délimitant formellement les domaines dans lesquels l’association pouvait faire cause commune avec Mme Rey. Pour mémoire Anne-Marie Rey comme toutes les personnes citées ici ont lutté pendant une quarantaine d’année pour le droit à l’avortement et à la contraception, Madame Rey au sein de l’USPDA (Union suisse pour la décriminalisation de l’avortement), et les autres au sein de l’ASDAC et du mouvement féministe.

Pour rester solidaires avec les femmes défavorisées qui souhaitent interrompre une grossesse, il nous faudra trouver d’autres relais.

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