Couleurs 3 | « Mais la Suisse n’a pas toujours été comme ça… »

Le « coup de gueule » sur l’asile d’Eric Grosjean, chroniqueur de la matinale sur Couleur3

couleurs3

Heureusement que la Suisse n’a pas de frontière avec la Syrie, parce qu’on aurait une sacrée tapée de réfugiés. Je dis ça parce que l’asile redevient un sujet chaud sur lequel nous allons encore voter prochainement. Pendant qu’on vote sur l’asile, on ne vote pas sur autre chose : ça arrange tout un tas de politiciens qui préfèrent largement qu’on vote sur l’asile plutôt que sur le financement occulte des partis politiques. D’ailleurs, la classe politique actuelle a depuis longtemps fait de l’asile un grand défouloir, doublé d’un formidable tremplin électoral permettant d’élargir sa surface médiatique en racontant des conneries dans le journal.

Je dis « la classe politique actuelle » car nous n’avons pas toujours eu un personnel politique aussi bas-de-plafond que ceux qui voudraient débarrasser les gosses des clandestins. Mais c’est vrai que pour continuer à accepter 50 milliards d’évasion fiscale de la grande bourgeoisie et faire des cadeaux aux multinationales, il faut bien que les commis de l’Etat économisent quelque part : sur les dos des clandestins misérables, c’est un bon début ! Depuis qu’on a moins besoin de travailleurs dociles que d’élites compétitives, la donne a changé, on privilégie l’immigration choisie de 500 000 Européens en 5 ans, mais on fait peur au peuple avec les 29 000 demandes d’asile déposées en Suisse l’an dernier.

Mais la Suisse n’a pas toujours été comme ça, à l’hiver 1956, elle avait accueilli 10 000 réfugiés Hongrois, dont les trois quarts avaient trouvé du travail à l’été 57. En 68, les politiciens suisses avaient aussi ouvert la frontière à 14 000 réfugiés tchécoslovaques sans faire de chichis, et ainsi de suite jusqu’à ce que la Suisse adopte sa première loi sur l’asile en 1981. Mais quand on sait qu’un tiers de la population suisse actuelle a l’un de ses deux parents qui est un ancien migrant, on se demande quand même toujours comment elle peut constamment plébisciter des durcissements de la loi.

Des durcissements qui font le bonheur de tous ceux qui se sucrent sur l’asile, que ce soit dans la sécurité ou dans la gestion des centres d’accueil, comme cette société codirigée par le politicien Yvan Perrin qui s’occupait de la sécurité au centre d’accueil de Perreux à Neuchâtel. La problématique des politiciens qui demandent un durcissement de l’asile dans l’éventuel but de faire prospérer leurs petites affaires ou celles des lobbys qu’ils représentent, cela ne mériterait-il pas une petite votation populaire un de ces jours ? Cela nous changerait des sempiternelles votations sur le durcissement du droit d’asile.

 

Comments are closed.
Top